Ce we, en expliquant à une amie ma conviction du bienfait des pauses, elle me répond enjouée : « Ah, oui, l’art de la pause, ça me parle ! La pause thé, c’est le moment où j’ai envie de me poser et penser à moi. Pourtant ça m’arrive d’oublier mon thé chaud sur la table, après m’être laissée embarquée dans autre chose. Et quand je le retrouve froid quelques heures plus tard j’ai la déception d’avoir raté quelque chose de bien ».
Et pour vous, « l’art de la pause », ça raisonne comment ?
Êtes vous comme mon amie, épuisée de sa journée marathon avec un thé froid dans la main ?
Arrivez-vous de temps en temps à vous poser? Avez-vous des moments pour faire le vide et vous ressourcer ?
Y pensez-vous seulement ?
Faire du conseil « toutes les deux heures, une pause s’impose » notre mantra favori
Sur la route, on nous dit « toutes les deux heures, une pause s’impose ». Pourquoi ? Tout simplement pour permettre à notre attention de se relâcher ailleurs que sur la route, et éviter les accidents. Cela nous semble logique, acceptable et faisable.
Alors pourquoi n’arrivons-nous pas à faire de même dans nos journées de travail ?
Parce que nous sommes happé.es par les comptes à rendre, les réponses à donner, les dossiers à boucler ou encore aller chercher les enfants à l’école.
Dans ces journées-là, il nous arrive bien souvent d’oublier de respirer et les tensions corporelles s’accumulent, le stress augmente.
Jusqu’au moment où notre corps nous rappelle à l’ordre avec une petite voix intérieure qui nous hurle à l’oreille « stop ! j’en peux plus !»
Faire une pause pour recharger notre corps et notre esprit.
Alors, pour casser notre rythme, nous pouvons penser à nous arrêter cinq minutes toutes les deux heures et effectuer trois respirations conscientes pour apaiser notre mental en ébullition.
Lors de la pause déjeuner, nous arrêter une heure pour reposer son corps physique, nos yeux et notre cerveau.
Pour retrouver notre créativité et notre productivité sur la durée, prendre régulièrement des jours de vacances et changer son quotidien pour se vider la tête et recharger les batteries.
Lorsque l’ennui professionnel s’installe, prendre le temps de réfléchir à un nouveau projet, voyager et s’enrichir de nouvelles connaissances, relations, cultures.
Si le burn-out pointe le bout de son nez, s’arrêter le temps qu’il faut pour prendre soin de son corps et son esprit avant qu’ils aient atteint leurs limites et des conséquences parfois irréversibles.
Faire une pause pour mieux communiquer
Au-delà de la pause physique, nous pouvons aussi instaurer des moments de pause lorsque nous sommes en relation avec d’autres, et même avec soi pour éviter les conflits et les malentendus.
Susan G. Chapman* évoque l’image des feux tricolores comme des étapes pour prendre le temps de nous ouvrir à nos réactions, et les ajuster.
S’arrêter au feu rouge, lorsque nous voyons que la conversation part dans le mauvais sens, nous pouvons prendre quelques instant pour s’interroger sur ce qui bloque la communication. Ainsi nous pouvons nous abstenir d’employer des mots malveillants venant de notre colère ou de notre besoin d’avoir raison à tout prix.
Faire une pause au feu orange pour nous laisser le temps de voir nos mécanismes qui déclenchent des paroles nocives et des réactions agressives. Nous pouvons les accueillir avec douceur et gentillesse et choisir d’éviter de continuer dans la mauvaise direction.
Redémarrage au feu vert avec l’intention de nous ouvrir avec réceptivité à ce que dit l’autre, ou à notre petite voix intérieure si la communication est avec nous-même. Nous réajustons nos réactions, et créons un nouveau mode de communication.
Ces étapes sont autant d’espaces de pause que nous pouvons intégrer dans nos relations pour dissiper nos modes automatiques de défense empêchant la fluidité et la capacité à être à l’écoute de soi et de l’autre.
Faire une pause pour mieux manger
Avez-vous déjà remarqué comment vous enchaînez les bouchées ? Mangez-vous en faisant autre chose ? Vous sentez vous reposé.e après votre pause déjeuner ?
Lorsque je travaillais en centre de formation, nous mangions avec mes collègues, dans un espace bruyant, et discutions non-stop. J’aimais beaucoup ce moment convivial où nous rigolions tout en réglant quelques questions de travail.
Mais je mangeais automatiquement, souvent trop, par peur d’avoir faim dans la journée, et trop vite pour avoir le temps de faire une petite sieste ou une promenade. Malgré tout, je revenais toujours à mon bureau ballonnée et fatiguée. Le stress, le bruit, l’excitation des conversations m’empêchaient de digérer et j’ai longtemps eu des désagréments intestinaux.
Puis je suis allée faire une retraite au Village des Pruniers. J’y ai découvert comment manger en silence et en pleine conscience était agréable, reposant. Prendre le temps de s’asseoir, de regarder les aliments dans l’assiette, de mastiquer lentement chaque bouchée, de respirer entre chacune. Être centrée sur l’expérience gustative, ressentir l’ingestion dans le corps, et se délecter du silence reposant a transformé ma relation à l’alimentation et à mon système digestif ;-).
Mais il n’est pas toujours facile d’avoir ces conditions idéales à la pause déjeuner.
Malgré tout, nous pouvons nous mettre à l’écoute de notre rythme à porter notre fourchette à la bouche, de notre respiration, et des sensations manifestées par notre abdomen.
Faire une pause pour mieux dormir
Avant d’aller vous coucher, comment est votre énergie ? Plutôt basse ou haute ? Avez-vous l’esprit vidé par la fatigue, ou les événements de la journée le remplissent encore ?
Un bon sommeil est la base de notre santé. Cette « pause-dodo » qui nous régénère pour continuer à nous lever chaque matin peut se préparer en créant un sas entre la journée et la nuit.
Ce sas est une pause pendant laquelle nous pouvons pratiquer, entre autres, la méditation assise en focalisant notre attention sur le souffle, pour apaiser nos pensées et stabiliser notre esprit.
Faire une pause pour mieux vivre ses émotions
De la même manière que la communication consciente nous invite à accueillir les mots, les émotions, l’énergie du moment, mieux vivre ses émotions passe par un moment de pause pour les voir et les prendre en considération avec bienveillance.
Au lieu de se laisser emporter par la colère, la peur, ou encore la crise d’angoisse, nous pouvons nous rendre compte que ces émotions nous envahissent. Avant de nous transformer en colère, peur ou angoisse, nous pouvons stopper le processus de transformation.
Pour cela, nous devons les reconnaître, les accueillir, puis observer et ressentir comment elles nous traversent. Ainsi, elles finissent par se dissiper et nous pouvons retrouver un état normal.
Finalement, l’art de la pause, c’est un art de vivre
Le point commun dans toutes ces pauses, c’est notre capacité à se rendre compte quand nos comportements s’emportent ou dysfonctionnent.
Pour modifier ces fonctionnements en pilotage automatique, nous devons apprendre à nous ressentir, nous voir faire, nous entendre dire, nous ouvrir à nous-même et à l’autre pour nous écouter.
Cet art de la pause s’apprend et s’entretient par la pratique régulière de la méditation assise en pleine conscience. En prenant le temps de revenir à notre souffle puis observer comment notre monde intérieur se manifeste, nous développons nos qualités de vigilance et de compassion.
De la même manière que la respiration se compose d’un court entracte entre l’inspire et l’expire qui nous accompagne du début à la fin de notre vie, nous pouvons créer des entractes de méditation pour remettre de l’espace et de l’amour au cœur de celle-ci.
- Communiquez en conscience – les 5 choses à savoir » Ed. PAYOT