Confinement et méditation pleine conscience, un processus de transformation

4ème semaine de confinement. Même si nous commençons à nous installer dans un rythme, l’impatience, et maintenant l’angoisse du dé-confinement sont là.

J’ai remarqué beaucoup de similarités entre ce que je vois dans le confinement et dans la méditation. Je ressent que ces moments font pour parti d’un même processus de transformation.

Nous nous arrêtons
Le confinement t’a forcé à t’arrêter. Tu étais en plein projets, tu avais des réunions prévues, des tâches bien réglées dans tes journées. Puis tout d’un coup, tu as dû t’arrêter. Et tu as l’impression de ne plus rien pouvoir faire.

En méditation, je prends le temps de m’arrêter. Certes, à la différence du confinement, je choisi le moment. J’arrête toute activité, je m’octroi un moment dans ma journée pour ne plus rien faire.

Nous soufflons
Le confinement t’a poussé.e à constater le vide crée par le chômage partiel, ou l’activité ralentie le temps d’organiser le télétravail. Tu as cherché à t’occuper autrement, à t’organiser avec les enfants. A ajuster ton rythme à cette nouvelle situation, dans l’ici et maintenant.
Et finalement tu te rends compte que tu as du temps pour souffler, ce que tu ne pouvais pas faire dans ta vie d’avant.

En méditation, je prends le temps de m’installer dans ma posture assise et je constate mon rythme cardiaque qui passe du rapide au calme. J’ajuste ma posture à cette nouvelle activité dans l’instant.
Je porte mon attention sur mon souffle pour m’ancrer dans l’ici et maintenant.

Nous ne pouvons pas sortir
Le confinement t’empêche de sortir de chez toi, d’être libre de tes allers et venues. Tu commences à sentir le cadre qu’est ton logis, et la sensation d’enfermement se fait sentir.

En méditation, je garde une posture immobile. Je suis « enfermée » dans le cadre qu’est mon corps. Même si j’ai envie de bouger, de me lever, je ne le fais pas. Une sensation d’enfermement peut surgir dans mon esprit.

La frustration, la douleur, la colère surgissent
Le confinement devient pesant. Tu as une folle envie de retrouver ta vie d’avant : tes amis, sortir au parc avec les enfants, sentir le parfum des fleurs du printemps, boire l’apéro pour de vrai avec tes amis. Les relations deviennent, inconfortables et la frustration explose.

En méditation, la posture statique devient douloureuse. L’immobilité provoque des crampes, des fourmillements. Je suis frustrée de ne pouvoir bouger, me lever, aller boire un café.

Les craquages sont fréquents
Le confinement a fait ressortir tes frustrations, avec son lot de colères, d’emportements, de mots et de gestes déplacés que tu regrettes après coup. Tu n’as qu’une envie : faire comme si de rien était, et reprendre ta vie d’avant et tu te fous de cette épidémie qui n’arrive qu’aux autres, quand tu ne l’as pas oubliée, noyée dans ta mauvaise humeur.
Tu cries, tu pleures, et tu te demander comment tout ça va finir ? Tu te dis que tu ne pourrais jamais en sortir ni t’en remettre ?

En méditation, mon esprit s’emporte et se demande pourquoi je m’inflige ce moment désagréable. Je m’auto-flagelle, en me disant que je ne suis pas capable de méditer, et je me dis « au diable cette fichue discipline qui sert à quoi finalement ? »

Et le calme revient
Ton énergie dépensée dans la colère du craquage laisse la place à un vide, à un silence. Comme un lion en cage, tu finis par te calmer.

En méditation, à force de chercher à faire autre chose que rester là, immobile, mon esprit se reconnecte avec ma respiration, et se calme. Je retrouve le pourquoi je suis là, et ma motivation à rester assise et concentrée revient.

Nous devenons conscient de ce qui est là
Le confinement te fait voir ce que tu vis par obligation dans le moment présent. Tu reprends contacts avec ta réalité, avec ton quotidien qui a changé, avec ta responsabilité de citoyen.ne qui t’incite à accepter de rester chez toi.

En méditation, je peux aussi laisser le calme m’envahir et voir ce qui me traverse dans l’expérience du moment. Je découvre « ma vérité microscopique » en observant mes pensées, mes sensations corporelles et je peux me laisser aller à les contempler avec curiosité.

Un processus de transformation
Le confinement a fait émerger la tempête et le calme qui la suit.
Il a balayé le regret du passé, la peur de l’avenir pour laisser la place au présent.
Au fil des jours, tu t’installes dans une nouvelle vie, tu prends du temps pour des activités qui te plaisent, tu vois tes enfants, ton conjoint, tu cuisines, tu refais du sport. Malgré les contraintes, tu peux y voir tout de même des côtés positifs.

En méditation, je suis maintenant dans l’instant présent. Je suis apaisée, le temps n’a plus de valeur, je suis connectée à plus grand que moi. Je flotte dans un état de conscience modifié, et peut laisser mon cœur me parler, me suggérer ce qui est bon pour moi. Avec lui, ma créativité me donne des idées pour avancer dans ma vie en restant fidèle à qui je suis.

Une ouverture d’esprit et de cœur
Avec le temps, et le recul, tu prends conscience de ce que tu voudrais changer dans l’après confinement pour préserver ce que tu as découvert d’agréable dans cette période.
Tu t’ouvres sur ce qui as du sens pour toi, sur la conscience d’un changement inévitable : tu regardes autour de toi, chez toi et dehors pour voir ce qui a changé, et ce que tu pourrais changer. Tu t’ouvres sur un nouveau cycle de vie.
Dans la tempête, ton cœur, ton corps, ton esprit t’ont poussée à les reconnaître et à les aligner pour revenir au calme, et à l’équilibre.
Tu peux à présent prendre soin de toi dans l’ici et maintenant.

En méditation, j’observe ce qui est là. Je m’ouvre à ce que vis : je détaille mes douleurs, j’étiquette mes pensées, j’accueille avec amour mes émotions et tout ce qui surgit. Je connecte mon cœur et j’aligne mon esprit et mon corps avec. Je pratique l’auto-compassion et la gratitude.

Des forces et du recul
Le confinent, lorsque tu y repenseras quelques années plus tard, te rappellera peut-être que dans cette période tu auras appris beaucoup sur toi, et laissera peut-être des traces indélébiles d’une envie de vie meilleure pour toi et tes proches.

La méditation pleine conscience m’a appris à prendre du recul en vivant les les moments de crise. Je peux mesurer, dans cette période de doutes, d’incertitudes, comment l’entrainement régulier de la pratique assise et de de l’auto-compassion a renforcé mes ressources internes et me permet de vivre avec calme cette période tout en mettant mes forces à ta disposition pour t’accompagner dans ces moments difficiles.

Vulnérabilité, courage et gratitude
Autant dans le confinement que dans la méditation assise, je touche ma vulnérabilité, ma sensibilité.

J’apprends la patience et l’acceptation.

Je découvre mon courage, mes forces qui resurgissent dans l’épreuve et me font grandir. Je suis heureuse d’avoir fait tomber ces barrières qui m’empêchaient de m’ouvrir à autre chose.

Et pour tout cela, je me remercie, je suis reconnaissante envers mes ressources bien cachées au fond de moi, qui sont toujours là mais que je ne vois pas en temps normal (ou du moins pas assez !)

Et pour toi…?
Si tu prends de la hauteur, et que tu regardes ce que tu as mis en place depuis le début du confinement :
quelles sont tes ressources qui t’ont permis d’être là aujourd’hui ?
que s’est-il passé pour toi ? qu’as-tu découvert sur toi ?
As-tu craqué à un moment donné ?
Comment le calme est-il revenu (ou pas) ?

Un processus qui se répète
Il y a une vingtaine d’année, j’ai vécu une dépression. Alors que j’étais dans les bas fonds de mon côté obscure, mon frère ma dit ; « ben tu sais Elise, la vie c’est comme dans la chanson, c’est up and down ».
Je ne savais pas de quelle chanson il parlait, et ça m’a beaucoup énervée, car j’avais envie qu’il me plaigne.

Avec les années, et l’expérience d’épreuves difficiles, j’ai compris ce qu’il voulait me dire : « après la pluie, le beau temps ».

Rien ne dure, tout est impermanence. Les périodes les plus sombres finissent par retrouver de la lumière.
Ma vie a été ponctuée de ces processus de transformation qui donnent envie de te partager ces mots.

Et j’ai envie de te dire : courage, patience.
Ta situation est difficile à vivre, c’est vrai, et pourtant, elle peut t’aider à reconnecter avec tes ressources, tes forces de vie. Et retrouver un nouveau souffle.